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La traduction collaborative

Nouveau service de traduction en pleine expansion, grâce au développement rapide des réseaux sociaux, la traduction collaborative, par sa gratuité et une qualité souvent acceptable dès lors qu’elle fait l’objet de contrôles, apparaît comme un nouveau danger pour les traducteurs indépendants et les agences de traduction.

Compter désormais avec la traduction collaborative

La traduction collaborative est en passe de devenir l’Eldorado des acteurs internet. Des poids lourds tels que Facebook, pesant 25 milliards de dollars ou, dans une moindre mesure, Linkedin, ont privilégié cette méthode pour traduire leur site internet. Facebook est disponible en cinquante-deux langues, le site est traduit en temps quasi réel par les membres eux-mêmes, le principe étant qu’une traduction, avant d’être validée, passe par un certain nombre de modérateurs, également membres, avant d’être publiée. Le principe est alléchant est semble plutôt fiable même si les utilisateurs ne sont pas bilingues et encore moins professionnels de la traduction. Les atouts majeurs étant la gratuité, ce qui n’est pas rien, et une réactivité naturelle que seules les grosses cylindrées du marché de la traduction pourraient proposer pour un site de cette envergure. Un beau tableau entaché toutefois de risques liés à l’absence réelle de contrôle. Au mois d’août 2010, Facebook fut la victime, d’une mauvaise blague qui a eu le don de mettre en avant les faiblesses de la traduction collaborative. Plusieurs utilisateurs du plus grand réseau social ont pu rire au moment lorsque la phrase suivante s’est affichée sur leur écran :  » Votre message n’a pas pu être envoyé parce que vous avez un petit pénis ». Cette blague a sonné comme un rappel à l’ordre, faire totalement confiance aux utilisateurs met en péril l’architecture même du système.

Un risque pour les acteurs traditionnels

Facebook véhicule de l’information brute, sans style,  autant dire qu’une traduction automatique de qualité acceptable pourrait tout a fait être envisagée et la traduction collaborative, n’apparaît pas, de ce point de vue, comme un concurrent trop sérieux. Lorsque LinkedIn, a consulté les traducteurs professionnels, inscrits sur son réseau, pour mesurer leur envie de participer à la traduction du site, une vague d’hostilité à déferlé très rapidement au point ou l’on a vu naître des groupes sur le sujet. La crainte d’une nouvelle dévalorisation du métier a mis le feu aux poudres d’autant plus que cette attaque n’est pas la première. Anydoor, une société nipponne a créé une place collaborative permettant aux utilisateurs de poster des projets de traduction auprès de traducteurs volontaires. Par le biais d’une évaluation des traductions, la plateforme permet de distinguer les meilleurs traducteurs, qui seront payés pour leurs services… eux seuls.

Le marché de la traduction est en évolution perpétuelle, parler d’acteurs traditionnels n’a donc plus vraiment de raison d’être puisque les acteurs ont soit disparu, soit évolué et ont révolutionné les façons de procéder des années quatre-vingt-dix, il faut donc faire avec son temps et s’adapter aux nouvelles techniques et à l’évolution d’Internet. La traduction collaborative apparaît donc comme une nouvelle manière de traduire qui ne présente pas aujourd’hui plus de risque que les logiciels de traduction automatique, mais il est évident que ceux qui n’y prêteront pas attention peuvent d’ores et déjà se faire du souci.

La traduction collaborative en révolte

Fronde de traducteurs professionnels, plaisanterie puérile d’adolescents ou de membres revanchards, toujours est-il que Facebook vient de faire l’expérience des dégâts que peut causer l’utilisation de prestations de traductions non rémunérées et partiellement contrôlées.

La traduction professionnelle n’est pas à l’agonie. Voici ce qu’ont pu lire aujourd’hui en langue turque plusieurs utilisateurs du plus grand réseau social :  » Votre message n’a pas pu être envoyé parce que vous avez un petit pénis « . Pas méchant dans le ton, mais accablant pour le système de traduction collaboratif utilisé par Facebook pour traduire ses 150 000 mots dans 52 langues. Voilà qui devrait faire réfléchir les concepteurs de linkedIn qui commencent également à s’intéresser à cette méthode de traduction.

Très prisée parce que gratuite et humaine, la traduction collaborative consiste, pour le moment, à demander à des internautes membres de réaliser la traduction des pages d’un site internet, un processus en croissance qui permet de faire l’économie d’une traduction professionnelle. Les agences de traduction et traducteurs indépendants s’inquiètent davantage de l’arrivée probable d’espaces collaboratifs permettant d’obtenir, grâce à des bénévoles, la traduction à vil prix, de n’importe quel document.

Il n’est pas exclu que la plaisanterie provienne des communautés de traducteurs professionnels qui craignent à juste titre la dévalorisation de leur métier et de leur travail, si c’est le cas, l’action aura tout de même le mérite de pointer les défaillances de la traduction collaborative.
En terme de traduction professionnelle, on peut raisonnablement estimer le coût d’une traduction intégrale de Facebook en 52 langues à 1 million d’euros. Avec une valorisation financière estimée à plus de 20 milliards de dollars, ne serait-il pas temps de mettre un peu de professionnalisme dans la machine ?