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La traduction littéraire

Traduire des livres ou des romans demande une grande maîtrise des langues et une aisance rédactionnelle. La traduction littéraire doit restituer de manière vivante et fidèle l’histoire, la tonalité du livre et son rythme.

Le traducteur littéraire : un auteur de l’ombre

Travaillant surtout pour l’édition, le traducteur littéraire a en charge de transcrire les ouvrages destinés à être publiés. Romans, poésie, guide pratique, les textes sont variés et demandent une culture générale étendue, ainsi qu’une bonne imagination.

Il sait manier les langues à la perfection. Grammaire, stylistique, vocabulaire, orthographe… n’ont plus de secret pour lui. Dans la traduction de livre, le sens des mots est aussi important que le ton et l’ambiance du texte original. D’une langue à l’autre, les nuances, les images, les dictons, l’humour, les références culturelles… divergent. Au traducteur de transposer l’effet d’un texte le plus justement et le plus subtilement possibles (le lecteur ne doit pas se rendre compte qu’il lit une traduction).

Souvent indépendant ou affilié à des agences de traduction, le traducteur littéraire est un auteur, certes dans l’ombre de l’œuvre et du romancier, mais il peut percevoir à ce titre des droits d’auteur.

Autrefois destinée aux journalistes, aux professeurs ou aux écrivains, la traduction de livre s’est « professionnalisée ». De nombreuses universités (Bordeaux 3, Strasbourg, Angers, Lyon, Paris 7…) proposent des masters professionnels en traduction littéraire.

Aux quatre coins du monde, d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, les biens culturels s’exportent et s’échangent. Les auteurs et les langues à traduire sont donc nombreux.

Un domaine de traduction en perpétuelle évolution

En France, la traduction de livres étrangers ne se borne plus aux seules œuvres littéraires et gagne chaque jour un peu plus les autres disciplines et notamment les sciences humaines.

La sociologue Gisèle Sapiro, dans son étude intitulée « Le marché de la traduction en France à l’heure de la mondialisation« , révèle que la traduction de livres n’est plus réservée à la littérature.

Dans le domaine des sciences humaines, on traduit aujourd’hui 2 fois plus de livres qu’au cours des années 80, et dans plus de langues. Si un peu plus de la moitié des livres traduits continue de l’être de l’anglais, leur part relative a régressé. « C’est l’inverse de ce qui se passe en littérature, où les livres traduits de l’anglais sont proportionnellement plus nombreux aujourd’hui qu’il y a vingt ans », précise la sociologue. L’allemand occupe la deuxième place, les traductions de l’italien et de l’espagnol sont en forte croissance depuis les années 90.

Traduction de livres : une autre manière de vendre la littérature française

Il est vrai que les livres français se vendent mal à l’étranger. Mais aujourd’hui, à l’époque où la traduction occupe une place assez importante dans la lecture, les choses ont changé. En effet, si les ouvrages originaux ont du mal à creuser le marché des livres, la traduction de la langue française en langue étrangère leur a permis de voyager.

Les cessions de droits de traduction des livres français en langue étrangère sont passées de 5956 en 2003 à 12 200 en 2013. Par contre, il faut souligner que ce lot englobe plus d’ouvrages pratiques, comme les livres de jeunes et les bandes dessinées, que d’ouvrages littéraires proprement dits.

Parmi les langues de traduction de la langue française, la plus courante est le chinois. 1524 cessions de droits de traduction en langue chinoise ont été signées l’an dernier, dont 66 % d’ouvrages de jeunesse. L’Italie vient en seconde place avec quelque 1385 titres rachetés, dont la majorité est constituée de bandes dessinées. Le français est aussi traduit en d’autres langues, dont l’anglais, le coréen, l’allemand et l’espagnol.

La langue anglaise reste la plus traduite dans le monde. Mais le français commence à s’ouvrir vers d’autres horizons, comme nous pouvons le constater par les chiffres précédemment cités. La mise en place des services de droits étrangers au sein des maisons d’édition françaises porte ses fruits.

Un marché important pour les maisons d’édition

En France, la traduction de livres a le vent en poupe. Avec près de 9 000 ouvrages traduits en 2009, le pays occupe la première place en Europe en matière de production.

Traduction de best-sellers étrangers mais aussi des grandes plumes françaises… les maisons d’édition consacrent une part importante de leur activité à la traduction professionnelle. Certaines ont même développé des collections spécifiques dédiées aux romans étrangers.

Première place en traduction littéraire

En 2009, la traduction de livre en France représentait 14,3 % de la production européenne (source : Rapport sur la diversité 2010). Ce qui place le pays à la première place devant les 12,7 % de l’Allemagne.

Avec l’émergence d’auteurs scandinaves comme Stieg Larsson (auteur de la série Millénium) et Camilla Läckberg (L’Enfant allemand), la traduction suédois français a été largement plébiscitée cette année-la. Même si deux tiers des livres sont encore traduits de l’anglais.

Les auteurs français s’exportent aussi très bien à l’étranger. La traduction français anglais représente 11,5 % des productions. Parmi le classement des auteurs européens les plus traduits, figurent Muriel Barbery, Anna Gavalda et Marc Lévy.

Avec 8,3 % des traductions, les ouvrages japonais notamment les mangas font une belle percée depuis quelques années.

Aux États-Unis, un tiers des livres traduits sont français

La France et l’Europe font la part belle aux échanges culturels, quand on sait que l’édition américaine affecte 3 % de sa production aux traductions.

Mais la traduction français anglais occupe la première place avec un tiers des livres traduits. Selon le top 50 des auteurs les plus traduits dans le monde établi par l’UNESCO, Jules Verne arrive en seconde position ! La version américaine de la Suite française d’Irène Némirovsky s’est quand-même vendue à 1,5 millions d’exemplaires.

La durée des droits d’édition en question

L’affaire Gallimard-François Bon a révélé les incohérences existantes à travers le monde sur les durées d’exploitation des œuvres littéraires.

Au début des années 2010, l’éditeur Gallimard, propriétaire des droits d’édition, a fait cesser la diffusion d’une traduction du Vieil homme et la mer d’Hemingway, proposée en version numérique par l’écrivain François Bon. En France, l’œuvre n’est censée tomber dans le domaine public qu’en 2032, soit 70 ans après la mort d’Hemingway. Accusé de contrefaçon par Gallimard, l’éditeur et écrivain François Bon, qui jugeait « la traduction de Jean Dutourd lourdingue et approximative », a dû retirer la commercialisation de son travail.

Par contre, au Canada, Le Vieil homme et la mer fait partie du domaine public depuis le début de l’année 2012 (50 années). L’œuvre de François bon est donc proposée légalement aux internautes canadiens !

En matière d’œuvre littéraire, les droits d’édition protègent les ouvrages des contrefaçons, des plagiats… durant plusieurs décennies après la mort de leurs auteurs. Seuls les ayants-droit sont habilités à diffuser les œuvres. Passé cette période, les œuvres tombent dans le domaine public. Mais voilà, à travers le monde la durée de ces droits d’exploitation n’est pas la même.

Un financement de la Commission Européenne pour la traduction de livres

Les éditeurs européens peuvent bénéficier d’aides couvrant jusqu’à 50% des coûts éligibles de leur projet de traduction. En pratique, chaque éditeur bénéficiaire de cette subvention européenne peut jouir d’une aide s’élevant jusqu’à 100.000 euros. Cette aide à la traduction offre une opportunité aux éditeurs pour voir leurs œuvres littéraires traduites et publiées dans une autre langue. D’ailleurs, ce financement couvre également les coûts de la promotion des livres.

Une information émanant du Centre National du Livre a permis de connaître les détails pour l’octroi de cette subvention. Celle-ci est valable durant une période définie. Pour une aide à la traduction d’une durée de 2 ans, un projet couvrant 2 à 10 œuvres doit être proposé par l’éditeur. Sinon, dans le cadre d’un accord de partenariat qui porte sur un délai de 3 ou 4 ans, un ensemble de projets comportant 5 à 10 œuvres littéraires à traduire tous les ans est requis.